La méditation nous appelle à une maturation de l’amour, c’est donc un grand moyen de purification. Nous sommes purifiés de notre égoïsme et de notre possessivité. Les Pères du Désert avaient coutume de désigner ce processus par le terme d’apatheia. Il est difficile de le traduire, c’est une sorte d’« indifférence » que l’on peut rapprocher de l’attitude que Job a fini par adopter : « Yahvé a donné, Yahvé a repris : que le nom de Yahvé soit béni! » (Jb 1, 21). Si nous avons reçu le bonheur de ses mains, ne devons-nous pas être prêts à recevoir le malheur ? Le but de tout cela est de grandir en maturité en grandissant en fidélité pour parvenir à aimer Dieu pour ce qu’Il est. Nous aimons Dieu tel qu’Il est en Lui-même. Nous L’aimons, non parce qu’Il nous fait des dons bienfaisants, mais parce qu’Il est Dieu ; nous aimons Dieu parce qu’Il est Lui-même : l’Amour.
Pour mûrir à n’importe quel niveau, il faut grandir en traversant toutes les difficultés causées par le changement ou la perte, tous les sentiments, émotions et pensées ainsi suscitées, et apprendre à aimer Dieu simplement et fortement. Pour une part, la discipline de la récitation du mot de prière nous apprend à rester dans cet amour, quoi qu’il advienne. Rien n’ébranlera notre conviction que Dieu est, que Dieu est Amour et que Son amour réside en nos cœurs. Si nous nous sommes engagés à suivre le chemin, le sentiment de Son absence approfondira et renforcera vraiment notre conviction de Son existence, en Le rendant plus familier, nous enseignant à Le connaître plus pleinement. À cette profondeur de foi, il nous est indifférent d’avoir le sentiment de Sa présence à nos côtés ou de Son absence.
Le Chant du silence