Certaines personnes plus chanceuses peuvent commencer à méditer tout en étant encore dans la phase de l’innocence, mais la plupart commencent en ayant le sentiment d’avoir perdu quelque chose qu’elles doivent retrouver. Souvent, nous avons un sentiment d’urgence, comme si nous devions à tout prix trouver le chemin qui nous restituera cette innocence. La merveille du cheminement intérieur, cependant, est que nous retrouvons quelque chose de bien plus grand que ce qui a été perdu.
La merveille du message chrétien et sa vision du cheminement est dans sa proclamation que nous retrouvons non seulement notre innocence perdue, mais l’innocence du Christ. Notre innocence nouvelle est celle qu’Il a recouvrée pour toute l’humanité, par la croix et la résurrection. Le chemin de retour à la source de la vie éternelle est peut-être exigeant, mais en chemin, nous suivons le torrent qui coule directement de la source. Ainsi, même pendant le voyage, nous recevons tout le rafraîchissement et toute la guidance dont nous avons besoin.
La méditation est notre façon d’avancer sur ce chemin. L’Esprit est le torrent qui coule dans nos cœurs. Le mot de prière est l’outil qui dégage le chemin à travers la forêt impénétrable. Il nous suffit de rester en route et être fidèles à la récitation du mot de prière. Nous ne devons jamais nous contenter d’une semi-clarté, d’une semi-illumination. Nous sommes appelés à entrer dans la pleine lumière du Christ, et tous sont appelés à grandir pour atteindre cette maturité et pleine stature qui n’est rien de moins que la vie pleine et immortelle du Christ. Comme le dit saint Paul :
[…] nous devons parvenir, tous ensemble, à ne faire plus qu’un dans la foi et la connaissance du Fils de Dieu, et à constituer cet Homme parfait, dans la force de l’âge, qui réalise la plénitude du Christ (Ep 4, 13).
Le Chant du silence