Carême 2022 – Jeudi saint – 14 avril 2022
Réflexions quotidiennes du Carême 2022:
Jeudi saint (2022-04-14)
Aujourd'hui, nous commençons le Triduum, le noyau de trois jours du mystère de Pâques. Chaque jour a une célébration symbolique unique. Aujourd'hui, l'Eucharistie exprime l'union, la koinonia, l'amitié qui se répand dans l'humanité et le cosmos en proclamant la justice et la paix.
Vendredi, la force élémentaire est la séparation, le deuil, la mort et la division : on ne peut célébrer l'Eucharistie mais on vénère la Croix dans la foi.
Le samedi est le lendemain de chaque enterrement : les personnes en deuil sont rentrées chez elles, la tombe est fermée, le long vide, l'obscurité et la vacuité de l'absence deviennent visibles dans un silence pesant et une étrange inactivité.
Mais au plus profond des ténèbres, la veillée pascale commence en allumant le feu de Pâques. Il nous relie à travers les millénaires à nos racines humaines primitives, puis nous avançons dans l'obscurité, allumant nos minuscules bougies individuelles à partir du cierge pascal, la lumière du Christ ressuscité.
À l'aube du dimanche, la liturgie est le lever de soleil dans la nature, puis l'Eucharistie est célébrée à l'apogée du soleil de midi. C'est la quatrième dimension non duelle qui contient et associe les trois autres dimensions de la condition humaine.
Le sens de la vie n’est pas beaucoup plus que ce qui est contenu dans ces trois jours, à l'exception du Covid et des impôts.
J'ai suggéré hier aux retraitants ici à Bonnevaux de chercher dans leur silence intérieur une question rédemptrice personnelle, comme celle que j'ai décrite dans l'histoire du Roi Pêcheur au début de la retraite. Cette question ne doit pas être inventée et, comme un koan, il n'est pas facile d'y répondre, mais elle doit être écoutée, trouvée et entendue. Pour la trouver, il peut être utile de se rappeler certains aspects de ces trois jours à partir de votre expérience de vie passée.
Avez-vous déjà accompagné quelqu'un qui vivait son Vendredi saint personnel ? Bien sûr, nous sommes là pour les autres à travers les nombreux deuils, épreuves et tribulations de la vie et nous sommes reconnaissants lorsque d'autres nous accompagnent. Mais tout cela n'est qu'une préparation au dernier vendredi et à la séparation ultime, la perte du corps physique. Toute perte est une forme de mort ou, pourrions-nous dire, la mort n'est que la forme finale de la perte. Si vous avez connu la grâce douloureuse de cet accompagnement, ces jours peuvent être plus intenses.
Mais nous pouvons tous convoquer notre pouvoir d'empathie imaginative pour accompagner Jésus sur le chemin de la croix, au Golgotha et au-delà. L'au-delà, c'est la Résurrection. Elle s'est déjà levée, sinon nous ne ferions pas cela.
Ce que nous faisons, ce n'est pas prétendre qu'elle n'a pas eu lieu, mais voir comment l'humanité se forme dans sa koinonia, sa communauté.
Laurence Freeman OSB