Dans ce processus de dépassement de soi et d’union à Dieu, le premier pas est fait lorsque nous nous tournons vers la prière. C’est un moment de vérité, lorsque nous sommes confrontés au fait de notre existence et sommes mis au défi d’en accepter le don avec une absolue générosité et simplicité. C’est un moment de silence et d’amour. À ce moment de décision, nous devons nous tourner vers la prière avec une foi capable de nous détourner de tout. C’est l’abandon, le lâcher-prise de la prière. C’est plonger dans les profondeurs de Dieu, qui est le fond de notre être, pour nous laisser revenir à notre source. Du fait du langage que nous devons utiliser pour le décrire, on dirait qu’il s’agit d’un mouvement régressif. Nous l’appelons un « retour », ce qu’il est en un sens. C’est le retour à la maison du fils prodigue qui a compris que sa réalité se trouve chez lui et non à l’étranger, dans la poursuite agitée de l’illusion.
Les Pères du monachisme parlaient d’errance dans le pays de la dissemblance et de retour à notre ressemblance réelle en tant qu’image de Dieu. Cet aspect de la prière comme restauration, retour ou rentrée chez soi, nous touche profondément. Il souligne le caractère humain du voyage que nous sommes appelés à faire, et nous dit quelque chose des raisons les plus intimes et les plus tendres pour lesquelles Dieu nous est connu et est décrit par Jésus comme « Père ».
Letters from the Heart