Premier dimanche de l’Avent 2024
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Réflexions de l'Avent 2024
Première semaine de l'Avent - du 1er au 7 décembre
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Luc 21, 25-28, 34-36
Que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste, comme un filet
Jésus disait à ses disciples : « Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur terre, les nations seront affolées et désemparées par le fracas de la mer et des flots. Les hommes mourront de peur dans l’attente de ce qui doit arriver au monde, car les puissances des cieux seront ébranlées. Alors on verra le Fils de l'homme venir dans une nuée, avec puissance et grande gloire. Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche.
Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste comme un filet ; il s’abattra, en effet, sur tous les habitants de la terre entière. Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous aurez la force d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme. »
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Pour ceux qui sont, non seulement des admirateurs, mais des disciples, Jésus est le gourou, le grand maître de la quête des hommes. La foi est relation. Une amitié unique sur le chemin de la vie, qui nous sauve de l’isolement tout en nous libérant de l’asphyxie des foules. Comme dans toute relation fidèle, la vie d’un disciple évolue, prenant plusieurs formes, devenant une union plus profonde, nous faisant traverser le pire qui puisse nous arriver.
Si nous faisons de Jésus notre centre de gravité, il nous reconnaît - à nos yeux – comme des "disciples", du latin discere, apprendre. Nous voyons souvent Jésus parler de façon directe et intime avec ses disciples, de manière différente de ses discours publics. Il brûle de partager avec nous tout ce qu'il a appris comme disciple du Père. Son désir ardent de nous faire comprendre apporte une révolution religieuse historique de l’état de disciple et de notre idée de Dieu : « Je ne vous appelle plus serviteurs, […] je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître. » Vous ne pouvez pas avoir peur d’un ami.
Nous commençons la quête de l’Avent en écoutant Jésus parler de la fin du monde, de notre monde actuel, du monde planétaire, de toutes les sortes de monde. C'est apocalyptique. Je viens de voir un film culte sur la guerre du Vietnam : Apocalypse Now de Coppola. Tiré du roman de Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres, le moment culminant du film montre une population reculée dans la jungle du Cambodge, où le colonel renégat américain Kurtz dirige comme un fou une armée hagarde, dominée par la peur. Sa souffrance psychique est intense, mais son esprit est effroyablement clair. L'horreur et les atrocités de la guerre l'ont poussé à bout. L’horreur se retourne alors contre lui-même et contre le monde. Marlon Brando prononce ces paroles célèbres : « l’horreur, l’horreur ! » avec une conviction glaçante, pire que dans tous les films d’horreur.
Jésus avertit ses disciples de se préparer à l'horreur. Ses paroles pourraient évoquer notre peur d'une apocalypse écologique, dont nous voyons les premiers signes dans les incendies de Californie, les inondations, la déforestation, les océans pollués par le plastique, le changement des saisons et la fonte de la calotte glacière. Le déni est la première réaction à la peur de la mort. Mais la peur inévitable va se développer et perturber toutes les relations. Derrière chaque manifestation de peur se cache l’horreur de la perte, la mort suscitée par toutes les pertes que nous subissons. Les hommes meurent de peur, dit Jésus. Parce que la peur nous enlève la capacité d'amour.
Il donne à ses disciples son message de libération. Il ne dit pas que les pécheurs que nous sommes ont beaucoup à craindre. Il dit : « n’ayez pas peur ». Soyez debout et dignes dans votre humanité divine. Et « attendez ». C'est l’enseignement essentiel de l'Avent : apprendre à attendre. L'attente est une pratique qui s’apprend, comme la méditation.
La meilleure réponse à « l’horreur » de la peur est d’attendre, car cela libère la ressource cachée de l’espoir. Attendre, c’est nous contrôler, prendre soin de notre santé mentale et de notre sérénité, éviter les excès, les dépendances et l’anxiété : c’est l’attente consciente et pleine d’espérance du disciple et non l’impatience frénétique du consommateur. Restez conscients, nous dit-il, et priez à tout moment. C'est l'autre thème central de l'Avent : être dans un état de prière continue. Les moments quotidiens de méditation développent cet état.
Au début de notre préparation à Noël, nous avons au moins appris que nous n’attendions pas le Père Noël.
Laurence Freeman, o.s.b.
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