Carême 2023 – Mercredi de la 4e semaine de Carême – 22 mars 2023
Réflexions quotidiennes du Carême 2023 :
Mercredi de la 4e semaine de Carême (22 mars 2023)
Dimanche dernier était appelé "dimanche de Laetare" et, au milieu du Carême, il a un ton nettement optimiste. La liturgie donnait un aperçu de l'issue de la saison avec la célébration de Pâques. Dans ces réflexions, j'ai essayé de montrer que l'opportunité de prendre le Carême au sérieux va bien au-delà de l'abandon de quelques gâteries ou petits plaisirs. De la même manière que le Ramadan ne se résume pas à un jeûne pendant la journée et à un excès de nourriture après le coucher du soleil. Le Carême nous permet de comprendre le processus de la métanoïa, qui se poursuit de la conception à notre dernier jour. Benoît dit que la vie du moine - c'est-à-dire de celui qui "cherche vraiment Dieu" - est un carême continu.
Benoît était particulièrement conscient de la fragilité humaine et du manque d'attention. C'est pourquoi il dit : "Puisque peu de gens en ont la force, nous exhortons toute la communauté, pendant ces jours de Carême, à garder un mode de vie aussi pur que possible et à laver en cette sainte saison les négligences des autres temps. Nous pouvons le faire [...] en nous consacrant à la prière avec des larmes, à la lecture, à la componction du cœur et à l'abnégation. Donc pendant ces jours, nous ajouterons à la mesure habituelle de notre service par le moyen de la prière personnelle et de l’abstinence de nourriture ou de boisson […] ainsi, dans la joie de l'Esprit Saint (1 Th 1,6), que chacun se prive de manger, de boire, de dormir, de parler inutilement et de plaisanter, et qu'il attende la sainte Pâque avec joie et désir spirituel. (Chapitre 49).
À tout moment, il est bon de regarder en arrière et en avant. Cela nous aide à revenir à l’instant présent, à en être plus conscient et à approfondir la liberté de temps qu’il offre. Pour vivre avec une conscience qui s'approfondit et s'élargit sans cesse, il n'y a pas de formules fixes, comme un traitement d'antibiotiques ou l'achat d'un billet pour laisser le train faire le reste, qui requièrent juste quelque chose à faire à la lettre pour être sauvés.
A Bonnevaux, nous avons organisé la première semaine résidentielle pour la nouvelle Académie de la WCCM. La quasi-totalité du premier groupe de 35 élèves est venue sur place. Des membres de la Faculté étaient également présents ou en ligne. Nous commencerons bientôt les cours en ligne et les réunions avec des accompagnateurs qui se dérouleront dans le cadre d’un programme sur deux ans, visant à soutenir la " vie contemplative ", quel que soit le mode de vie ou l'étape de la vie des élèves. Cette semaine fut exceptionnellement joyeuse, avec une rencontre presque instantanée des esprits et des cœurs dans l'amitié et la découverte de profondes similitudes. C'était bien organisé, mais l'esprit de Bonnevaux était aussi puissamment à l'œuvre. Il n’a pas été difficile de vivre un dimanche de Laetare.
La veille, nous avons visité le plus ancien monastère d'Europe, celui de nos amis de Ligugé, tout près de Bonnevaux. Le Père Abbé, Dom Christophe, a passé l'après-midi avec nous, nous montrant les fondations de la villa romaine du 1er siècle sur laquelle le monastère du IVe siècle fut construit et, avec beaucoup de bonne humeur et de charme, brisant les pieuses illusions sur le monachisme auxquelles sont enclins ceux qui vivent à l'extérieur. Il nous a également donné un nouvel aperçu de la prière de lectio, la lecture spirituelle, partenaire de la méditation. Nous sommes rentrés chez nous, dans la bonne vallée, avec la preuve que nous partageons le parcours humain avec tout le monde, malgré nos différences de vocation, de culture ou d'âge ; que nous avons toujours plus à apprendre les uns des autres et à nous enseigner ; que lorsque nous pouvons dire "c'est bon d'être chez soi", nous commençons à voir que nous sommes chez nous partout dans l'immensité de l'univers ; et que le Carême n'est pas si difficile que cela.
Laurence Freeman, o.s.b.