Carême 2023 – Jeudi de la 3e semaine de Carême – 16 mars 2023
Réflexions quotidiennes du Carême 2023 :
Jeudi de la 3e semaine de Carême (16 mars 2023)
Lorsque nous sommes arrivés à Bonnevaux, nous avons trouvé dans l'ancienne chapelle une très belle statue représentant un enfant et une femme âgée unis dans une profonde attention. Marie est souvent représentée dans l'art sacré comme une petite fille à qui sa mère apprend à lire. Dès que l'on voit le livre sur les genoux de la mère, on comprend où se dirige leur conscience unifiée. Symboliquement, elle apprend à comprendre les mots et à les absorber jusqu'à ce qu'elle soit prête à absorber tous les mots dans le Verbe et lui permettre de prendre chair en elle.
Cette semaine, nous avons accueilli les premiers étudiants de l'Académie WCCM ici à Bonnevaux pour leur première semaine résidentielle. C'est le moment de construire une communauté d'apprentissage et de commencer à réfléchir avec un esprit de débutant sur ce qu'est essentiellement l'apprentissage. Nous commençons par une discussion sur la phrase de la Règle de Benoît : " Nous avons l'intention de commencer une école pour le service du Seigneur ". Il précise que cela n'exigera rien de difficile, d'oppressif ou de pesant, même si une discipline sera nécessaire pour corriger les erreurs et préserver l'amour.
L'Académie est une école de vie contemplative. Une grande partie de l'éducation moderne est devenue difficile et pesante parce qu'elle a perdu le contact avec son objectif essentiel qui est d'éveiller l'étudiant à un degré de conscience de plus en plus élevé. La plupart des établissements d'enseignement ont fait de la réussite scolaire une idole au service de la performance dans une carrière ultérieure. Au lieu de s'étendre, la conscience se contracte en une série de diplômes en papier en adorant le veau d'or des notes et des qualifications. Nous espérons que l'Académie éveillera l'art d'apprendre : non pas acquérir des connaissances, mais permettre à la connaissance de s'incarner.
Pour apprendre, nous avons seulement besoin d'un esprit de débutant, neuf, curieux et ouvert à la métanoïa. Avec cet esprit, nous ne nous inquiétons pas d'avoir l'air mauvais ou stupide, car il est évident que nous ne pouvons pas apprendre si nous ne savons pas ce que nous ne savons pas et si nous ne passons pas de l'ignorance à la compréhension. Il n'y a pas de réaction paralysante de l'ego à l'idée d'avoir tort. Les échecs et les erreurs se transforment rapidement en nouveaux points de départ et en moments d'enseignement. Il n'est pas nécessaire d'être dur avec soi-même, de se sentir oppressé par les défis que représente le passage de la confusion à la clarté ou de trouver pénible le joug de la discipline qui nous permet de continuer à apprendre.
Le succès, la compétition et le désir de gagner peuvent devenir des dangers dès qu’on acquiert un certain niveau de compétence. Le moment est venu d'apprendre quelque chose de nouveau. Mais la continuité est également nécessaire. Nous changeons en restant sur le chemin et en découvrant l'interconnexion de toutes les branches de la connaissance. Nous apprenons maintenant le plus important. Nous apprenons à apprendre. La discipline de l'étude produit des fruits qui durent non seulement dans le caractère, la stabilité et l'intégration personnelle, mais aussi dans les fruits de l'esprit éveillés par le pouvoir de l'attention.
L'interrelation avec la méditation devient alors évidente. Comme elle naît de l'immobilité et du silence, la source de la connaissance de soi rénove l'esprit de l'étudiant. Elle nous apprend que l'école dans laquelle nous apprenons n'existe pas pour ce que nous en retirons, mais pour le service du Seigneur.
Laurence Freeman, o.s.b.