Je pense qu’il existe un concept qui peut nous aider à comprendre le caractère absolu de la répétition du mot de prière, le caractère absolu de l’expérience de la méditation, c’est celui de destin. On pourrait décrire la prière comme un état d’obéissance dans l’amour, état dans lequel nous sommes à la disposition totale de Dieu, sans désirer, sans planifier, nous contentant de nous placer dans la plénitude du don de vie qu’Il nous fait, la plénitude du don de l’unicité de notre création. Chacun est créé pour un destin unique, un accomplissement unique en Dieu, et notre seule tâche dans la vie est d’être totalement ouvert à ce destin. En d’autres termes, notre mission est de vivre de l’énergie divine, de s’inscrire dans le plan divin et d’y jouer pleinement et généreusement notre rôle. Vous méditez sans doute depuis suffisamment longtemps pour savoir que la prière n’a pas grand-chose à voir avec le fait de demander ceci ou cela. La prière est beaucoup plus simple que cela, c’est être un avec Dieu.
L’immobilité est le moyen de s’enraciner, elle dirige l’attention sur le défi que chacun doit relever : être enraciné dans son vrai soi. Autrement dit, c’est le défi d’être totalement ouvert au don de sa création. La tranquillité nous aide à être enracinés dans le don que Dieu nous a fait de notre être, ce que nous apprenons en étant immobiles à notre place unique. Accéder à son être c’est accéder à Dieu. En méditant, on découvre l’harmonie réciproque qui nous lie à Dieu. En nous enracinant en nous-mêmes, nous nous enracinons à la place qui est la nôtre dans la création et, par conséquent, nous nous enracinons dans notre Créateur. Saint Paul ne cesse de nous rappeler que le défi et le devoir de notre vie est de nous enraciner en Christ (Ep 3, 17), qui réside en nos cœurs. C’est pourquoi nous devons nous enraciner dans notre cœur. Le silence et l’immobilité extérieurs sont un signe efficace du silence et de l’immobilité de l’enracinement intérieur.
Le Chant du silence