De plus en plus de gens sont conscients que d’une façon ou d’une autre, dans la vie moderne, nous avons perdu contact avec l’essentiel. Le contact est perdu avec notre être profond, notre centre. La conséquence, c’est que nous avons cessé de considérer notre pratique religieuse ou notre pratique spirituelle comme une discipline. Il arrive très souvent que nous envisagions notre engagement religieux ou spirituel par rapport à ce que nous en retirons. L’an dernier, un jeune homme de Londres a fait un séjour chez nous. Un jour, au cours d’une conversation, il a fait une remarque dans ce sens : « Vous savez, père Jean, je vais vous choquer en disant cela, mais j’ai abandonné la religion parce que je n’en obtenais rien. Mon Dieu, quand j’y pense aujourd’hui, ça me réveille la nuit et me donne des sueurs froides. Vous vous rendez compte, je pensais à ce que j’allais en retirer. » Il avait commencé à rétablir le contact.
J’imagine que nous avons tous adopté cette approche égocentrique de notre pratique religieuse ou spirituelle à un moment ou à un autre. Nous aussi avons besoin d’examiner la vraie nature de notre vie religieuse afin de trouver un moyen pour réduire la part égotiste qu’elle comporte. Nous devons être saisis par la vérité que les valeurs religieuses ne sont pas à exploiter ou à expérimenter parce qu’elles – et le sacré qu’elles représentent – nous demandent de nous engager. Dès que nous avons commencé à nous engager, nous avons commencé un cheminement. C’est un cheminement qui exige de la discipline, et la difficulté pour nous est que c’est un chemin qui nous éloigne de notre égoïsme.
Le Chant du silence