Ainsi, la prière chrétienne a la qualité essentiellement dynamique du mystère de Jésus lui-même, car elle est rencontre avec, et entrée dans la personne de Jésus, qui est le chemin vers le Père. Le pèlerinage chrétien est un retournement, une conversion, une marche à la suite du Christ et avec le Christ. Il ne fait aucune place à la complaisance ou à l’autosatisfaction. Et son intuition centrale est que le sens plénier de notre être se situe au-delà de nous-mêmes. Le salut, selon cette terminologie, c’est d’être sur le chemin, être tournés vers la puissance dynamique de Jésus et être emportés en lui vers le Père. Le salut, c’est d’entrer dans le Royaume des cieux qui est en nous.
Un des grands périls du pèlerinage est que nous en parlions tellement et nous imaginions si brillamment l’accomplir qu’en réalité, nous ne parvenons pas à le faire, à mettre un pied devant l’autre. Je vous ai assez souvent parlé de ce danger. C’est celui de la pax perniciosa, la simple religiosité ou « flottement du corps ». Nous avons tous besoin en permanence de cette qualité dont parle saint Paul dans sa première lettre aux Thessaloniciens (1 Th 1, 3), l’hippomone, parfois traduite par patience, parfois par constance mais, de meilleure façon, me semble-t-il, par ténacité. C’est le courage de rester sur le chemin en étant de plus en plus fidèles à notre méditation biquotidienne – ces deux moments de la journée où, très explicitement, nous laissons tout de côté afin de pouvoir entrer dans le cheminement du Seigneur avec toute notre attention.
Letters from the Heart