La négativité du langage de la prière – abandon, anéantissement – suscite parfois l’inquiétude. Ce qui est abandonné, c’est ce qui est sans valeur ; ce qui est anéanti est sans réalité. L’expérience essentielle de la prière est celle du puissant jaillissement de l’amour créateur de Dieu ; c’est ce jaillissement qui nous emporte dans le royaume de Dieu, car tel est ce royaume : simplement la puissance de l’amour divin libérée dans chacune des fibres de notre être. « Le royaume de Dieu est en vous. » (Lc 17, 21) Le royaume est une expérience qui se connaît de l’intérieur ; c’est sa connaissance qui nous harmonise, nous unifie. Cette connaissance ne s’acquiert que par la puissance de l’amour divin, par l’ouverture de notre cœur et de notre mental au cœur et au mental de Jésus. On ne peut la connaître qu’en ouvrant notre conscience à la sienne.
Ce dont nous avons besoin pour ce cheminement, c’est de silence et d’attention. La victoire sur la conscience de soi est l’œuvre de la pure attention. L’état de prière auquel nous sommes tous appelés est un état de pureté totale du cœur ; dans cet état, nous sommes totalement ouverts, totalement attentifs à la réalité dans sa manifestation la plus pure et la plus intime. Nous nous ouvrons à l’Esprit qui est amour créateur, présent dans les profondeurs de notre propre esprit.
The Door to Silence