Si vous voulez apprendre à méditer, vous devez apprendre à rester immobile et à dire votre mot du début à la fin de la méditation. Or vous constaterez, si vous pouvez persévérer, qu’après avoir récité votre mot pendant quelque temps, vous ressentirez une certaine paix, une détente, et vous serez tentés de vous dire : « Voilà qui est plutôt agréable. Je voudrais juste faire cette expérience maintenant, et pour éprouver ce que je ressens maintenant, je vais cesser de dire le mot, l’expérience me suffit. » Cela mène tout droit au désastre. On ne médite pas pour faire l’expérience de l’expérience. On médite pour entrer dans l’expérience.
La méditation est une accession à la conscience et un dépassement de la conscience autoréflexive. Méditer apprend à regarder au-delà de soi, à briser le système clos de la conscience de soi, cette prison de l’ego ; cela se fait grâce à la discipline de la récitation du mot. Quand on dit le mot, on ne pense pas ses pensées. On n’analyse pas ce qui se passe, on lâche prise. Méditer, dans la perspective chrétienne, c’est simplement se lancer dans l’infinitude de Dieu par l’intermédiaire de l’Esprit qui réside en nos cœurs. C’est un lâcher-prise, un plongeon dans les profondeurs. À toutes les époques, tout au long de l’histoire humaine, on a constaté que l’abandon de soi exigeait un acte de foi.
Le Chemin de la méditation