Carême 2023 – Samedi de la 3e semaine de Carême – 18 mars 2023

Réflexions quotidiennes du Carême 2023 :
Samedi de la 3e semaine de Carême (18 mars 2023)
Nous avons tous pensé à faire cette chose que nous conseillons plus souvent aux autres de faire, à savoir ‘prendre du recul’ par rapport à la confusion et aux soucis de la vie afin d'avoir une meilleure perspective, de permettre aux émotions de se calmer et de prendre avec plus de sagesse des décisions difficiles. Dans une culture plus saine que ce qu’est devenu la nôtre, la vie fournit ces opportunités, même si l’on ne les saisit pas toujours. Il y a des pauses, des saisons religieuses comme le Carême ou des voyages lents dans des wagons inconfortables plutôt que nos trajets rapides dans des avions ou des trains inconfortables.
Aujourd'hui, nous devons faire un effort personnel pour prendre du recul par rapport au torrent des "dix mille choses", à la nuée de distractions, aux délais, aux demandes de réponses immédiates et aux difficultés de la vie quotidienne (même à Bonnevaux, où mon ordinateur s'est bloqué et que j'ai dû redémarrer).
Prenez du recul maintenant, si vous avez le temps, et cherchez le chapitre 16 du Tao Te King. En voici un avant-goût :
Vide-toi de tout. Laisse ton esprit se reposer en paix.
Dix mille choses montent et descendent tandis que le Soi observe leur retour.
Elles grandissent et s'épanouissent puis retournent à la source.
Le retour à la source est le calme,
qui est la voie de la nature.
L'impact du Covid pourrait se décrire de manière générale comme amenant les gens à une grande détresse ou bien à se rééquilibrer et à rétablir des priorités. Je connais beaucoup de personnes du second groupe qui avaient l'intention de retenir la leçon du Covid, de prendre du recul, mais qui se sont rapidement retrouvées aussi submergées qu'auparavant, voire plus, par dix mille choses.
Marie regardant les montagnes couvertes de brume est un symbole, non seulement du côté maternel de Dieu, que l’on néglige, mais de la contemplation qui fait partie intégrante de l'épanouissement humain. Ce qu'elle ne comprenait pas, elle le "méditait". Le mot grec (symballousa) n'est utilisé qu'une seule fois dans la Bible pour décrire la manière dont elle a répondu aux défis du mystère douloureux et merveilleux dans lequel elle fut plongée. C'est la racine du mot symbole, qui signifie rassembler ou mettre ensemble.
Percevoir symboliquement, c'est plus que simplement penser à quelque chose ou l'analyser à la recherche d'une réponse ou d'une explication. C'est le "symboliser", c'est-à-dire le rassembler dans le tout. Pour cela, nous devons prendre du recul un certain temps par rapport à la pensée. Cela ne signifie pas qu'il faille se rendre sur une montagne recouverte de brume. Nos méditations biquotidiennes suffisent.
Laurence Freeman, o.s.b.