(Photo Laurence Freeman, Bonnevaux)

La métanoïa est l'abandon victorieux du mental, l'abandon du double jeu de l'ego-mental en retirant l'attention des pensées, y compris les pensées sur nous-même. Telle est la tradition mystique de l'Église, plus fidèle à l'Évangile que la simple orthodoxie théologique ou la morale imposée. La théologie est plus puissante lorsqu'elle reconnaît ses propres limites. La métanoïa est le parcours contemplatif. Elle nous permet d'intérioriser les paroles de Jésus, ce que nous ne pouvons pas faire lorsque notre esprit reste pris dans des opinions et des limites d’emprunt. Par exemple, "le Royaume des cieux est au-dedans de vous" est une parole essentielle de Jésus : c'est l'intuition d’une expérience créée par la métanoïa que notre centre le plus profond est avec et en Dieu. Trouver ce point d'origine nous permet de connaître directement, comme Dieu connaît, et de nous connaître nous-même en sachant que nous sommes connus (et aimés) de Dieu. La métanoïa conduit également à un autre mystère de nous-même décrit par les mystiques depuis saint Paul : nous sommes connus de Dieu de toute éternité, avant d'exister dans la chair : "choisis par Dieu... avant la fondation du monde". Cela fait écho au prophète Jérémie : "avant de te former dans le sein de ta mère, je te connaissais".

Laurence Freeman OSB, Bulletin trimestriel de la WCCM France, mars 2023, wccm.fr