Nous en sommes venus à croire que la prière exprime, dans une large mesure, notre élan vers Dieu, qu’il s’agit d’une activité dont nous sommes les instigateurs, d’un devoir que nous accomplissons pour plaire à Dieu ou pour l’apaiser. Cette prière peut comporter une part de charme, de sincérité puérile, mais la véritable prière évite de tomber dans le sentimentalisme. Nous avons été appelés à la maturité spirituelle qui nous permet, comme l’affirme saint Pierre, « de vivre selon Dieu dans l’Esprit » (1 P 4, 6). Or, si saint Pierre, saint Paul et le Nouveau Testament dans son entier doivent être pris au sérieux, nous sommes obligés d’admettre que la prière est plus qu’une conversation avec Dieu, plus qu’une image de Dieu ou des pensées saintes. Mais, comme le dit saint Paul, cela n’explique pas réellement ce qu’est la prière, s’il est vrai que nous ne savons même pas comment prier. Mais, ajoute-t-il, « l’Esprit intercède pour nous en des gémissements ineffables » (Rm 8, 26), au-delà des paroles, des pensées et des images.
Ainsi, la prière est la vie de l’Esprit de Jésus au-dedans du cœur humain, l’Esprit par l’onction duquel nous sommes unis au Corps du Christ et par lequel, à notre tour, nous retournons au Père avec une conscience pleinement éveillée. Nous prions lorsque nous nous éveillons à la présence de cet Esprit dans nos cœurs. S’il en est ainsi, il ne peut y avoir aucune forme ou méthode de prière.
Il n’existe qu’une seule prière, le flot d’amour qui unit l’Esprit de Jésus ressuscité et Son Père, dans lequel nous sommes incorporés. Par conséquent, il n’y a pas de prière partielle ou occasionnelle, comme si l’Esprit n’était pas toujours vivant dans nos cœurs. Mais il y a des moments, nos deux méditations quotidiennes, pendant lesquels notre conscience fait un demi-tour complet pour se tourner vers cette réalité éternellement présente. On arrive ainsi à un niveau d’éveil vers lequel saint Paul dirigeait clairement les Thessaloniciens en leur recommandant de « prier sans cesse » (1 Th 5, 17), où la conscience de cette réalité est permanente à travers toutes les activités et les soucis les plus divers de notre journée.
Un mot dans le silence, un mot pour méditer