Méditation chrétienne du Québec et
des régions francophones du Canada (MCQRFC)

Résumé des 6 chapitres de l’encyclique “Laudato Si” du pape François

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Voici le résumé de Rachelle Fortin, du premier (1er)

chapitre  de l’encyclique du pape sur l’écologie.

 

« Laudato Si » – « Loué sois-tu »

Sur la sauvegarde de la maison commune

(1er chapitre)

 

Au printemps 2015, lors de sa troisième année de pontificat, le pape François fait paraître l’encyclique Laudato Si’, un plaidoyer pour la sauvegarde de l’écologie de notre terre. Dans cet exposé d’une centaine de pages, il nous appelle à … « collaborer comme instrument de Dieu pour la sauvegarde de la création, chacun selon sa culture, son expérience , ses initiatives et ses capacités. » (1)

Dernièrement, le saint-père a annoncé qu'il publiera une mise à jour de cet encyclique, tout juste quelques semaines avant la prochaine COP28. Il explique: « il est nécessaire de se tenir aux côtés des victimes de l'injustice environnementale et climatique, en s'efforçant de mettre un terme à la guerre insensée contre notre maison commune, qui est une terrible guerre mondiale". (2)

Pour nous préparer à cette nouvelle version qui sera disponible le 4 octobre prochain, je vous propose de lire dans les prochaines infolettres un résumé de chacun des chapitres du document original de 2015.

Le premier chapitre fait un examen approfondi de la crise écologique telle qu’on la comprenait il y a 10 ans. Premier constat: nous produisons plus de déchets que nous pouvons en absorber et en réutiliser. Nous vivons en quelque sorte dans une culture de déchets, sans mesures préventives contre la pollution. L’augmentation du dioxyde de carbone produite par l’activité humaine (déforestation, combustion de charbon et de pétrole) renforce le réchauffement climatique et en fait un cercle vicieux qui à son tour, diminue la disponibilité des ressources naturelles et mène à l’extinction d’une partie de la biodiversité de la terre. (3)

La pénurie d’eau ira en s’aggravant: sa demande dépasse l’offre durable et sa qualité est détériorée par la pollution agricole et industrielle ainsi que le gaspillage généralisé. On observe une tendance à sa mise en marché telle une marchandise ordinaire alors qu’elle est essentielle à toute vie. Il s’ensuit la possibilité «…que le contrôle de l’eau par de grandes entreprises mondiales deviendra l’une des principales sources de conflit de ce siècle.(4)

Chaque année, des milliers d’espèces animales et végétales disparaissent à cause de l’action humaine, particulièrement à cause de l’économie et de l’activité commerciale fondée sur l’immédiateté et les intérêts à court terme. Pourtant, la sauvegarde de la biodiversité nécessite une vision qui puisse saisir les enjeux et conséquences de notre mode de production et qui puisse nous amener à choisir un modèle de gestion plus durable. Nous devons

« …réaliser que n’importe quelle action sur la nature peut avoir des conséquences que nous ne soupçonnons pas à première vue, et que certaines formes d’exploitation de ressources se font au prix d’une dégradation qui finalement atteint même le fond des océans. » (5)

Finalement, la qualité de la vie humaine se dégrade. Les villes croissent de façon démesurée et désordonnée, les espaces publics et sauvages sont de plus en plus privatisés et les inégalités affectent en particulier les plus faibles de la planète ,déjà laissés pour compte par les systèmes économiques en place.

Pour le pape François, «  l’environnement humain et l’environnement naturel se dégradent ensemble, (6)… » et donc, une approche écologique à la crise climatique doit aussi inclure une approche sociale, qui intègre la justice dans les discussions sur l’environnement et s’attaque au consumérisme extrême, au gaspillage, aux déséquilibres de la distribution nationale et globale et qui puisse reconnaître la dette écologique des pays du nord envers ceux du sud.

En conclusion, le pape François se dit frappé par la faiblesse de la réaction politique et dénonce l’alliance qui existe entre gouvernements et milieux technologiques et financiers . Il rappelle que l’épuisement des ressources augmente le danger de guerre et met en garde contre les solutions écologiques superficielles qui retarderaient une prise de décision courageuse qui modifierait notre style de vie.

Face à la diversité des opinions sur le sujet de la crise climatique, le pape propose que l’église « …dois écouter et promouvoir le débat honnête entre scientifiques en respectant la diversité d’opinion… ». (7) Cependant, elle se doit également de rester réaliste devant les signes annonciateurs d’un point de rupture prochain tout en entretenant l’espoir qu’un dénouement positif soit possible.

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(1) Lettre encyclique « Laudato Si » du saint-père François sur la sauvegarde de la maison  commune , page 6, item 16, www.Vatican.va

Pour voir l'encyclique: "Laudato Si" CLIQUER ICI

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(2) Info chrétienne, Le pape a publié, le 4 octobre 2023, une version actualisée de son encyclique sur l’environnement "Laudate Deum" ("Louez Dieu"), juste avant la COP28,  www.infochrétienne.com  ou

  Pour voir l'annonce de cette encyclique: "Laudate Deum" CLIQUER ICI

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(3) World Meteorological Organization, Le cycle du carbone, YouTube, WMO, 21 octobre 2016, Cycle du carbone et atmosphère.                                          (Pour voir cette vidéo: CLIQUER ICI)

             (2 autres vidéos explicatives intéressantes :       

(Pour voir "Le Cycle du Carbone - Expliqué en 3 minutes !" CLIQUER ICI)

(Pour voir "Comprendre le réchauffement climatique en 4 minutes" CLIQUER ICI)

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(4) « Laudato Si », page 12, item 31.

(5) « Laudato Si », page 15, item 48

(6) « Laudato Si », page 16, item 48. Emphase en gras par la rédaction.

(7) « Laudato Si », page 21, item 61.

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Cliquer ici, puis sur le lien apparaissant, pour voir le 1er chapitre en PDF: 

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« Laudato Si » – « Loué sois-tu »

Sur la sauvegarde de la maison commune

(2e chapitre)

 

Dans ce chapitre, le pape présente le point de vue de la tradition chrétienne au sujet de l’écologie. Il veut apporter un élément religieux à la discussion et démontrer que notre foi implique un engagement écologique.

En s’inspirant de plusieurs passages de l’Ancien Testament , le pape François veut mettre en évidence une cause intérieure de la crise environnementale: notre relation avec Dieu, avec notre prochain et avec la terre est rompue, et pour cette raison, nous peinons à remplir notre mission de « cultiver et garder le jardin du monde. » (1)

Il serait plus aisé de régler la crise environnementale si nous reconnaissions la transcendance de Dieu dans cette nature que nous tentons de sauver.« Nous ne pouvons pas avoir une spiritualité qui oublie le Dieu tout puissant et créateur… La meilleure manière de mettre l’être humain à sa place… c’est de proposer la figure d’un père créateur et unique maître du monde, parce qu’autrement, l’être humain aura toujours tendance à vouloir imposer à la réalité ses propres lois et intérêts. » (2)

La nature, comprise comme création, est un mystère issu de l’amour de Dieu; elle nous appelle à la communion universelle. En même temps, les humains sont les gardiens de l’univers et doivent accepter leurs responsabilités et reconnaître que le progrès matériel sans limites est un mythe. 

  « La fin ultime des autres créatures, ce n’est pas nous. Mais elles avancent toutes, avec nous et par nous, jusqu’au terme commun qui est Dieu, dans une plénitude transcendante où le Christ ressuscité embrasse et illumine tout; car l’être humain, doué d’intelligence et d’amour, attiré par la plénitude du Christ, est appelé à reconduire toutes les créatures à leur Créateur. » (3)

La Genèse dit que l’être humain est à l’image de Dieu. Le pape François désire que nous comprenions que « Tout l’univers matériel est un langage de l’amour de Dieu, de sa tendresse démesurée envers nous. » (4) Parmi plusieurs exemples, il mentionne la mémoire que beaucoup d’entre nous conservons de paysages aimés, souvent dès l’enfance « … dont le souvenir (nous) fait beaucoup de bien. » (5) Et avec St François d’Assise, il nous invite à louer et adorer Dieu dans la complexité des relations avec la nature qui sont le reflet de son éternité.

Tout l’univers donc est relié, car créé par le même Père. Nous devons rendre amour et respect non seulement à la nature, mais aussi à nos frères et sœurs humains. De nouveau, le pape François insiste sur le fait qu’une approche écologique doit aussi être sociale, puisque l’environnement est le bien collectif de toute l’humanité. Notre vie économique doit refléter ce principe ; le pape dénonce les inégalités sociales dégradantes, le gaspillage éhonté des ressources par les plus nantis. « Nous ne pouvons pas considérer que nous aimons beaucoup si nous excluons de nos intérêts une partie de la réalité » (6)

Tout en reconnaissant la fonction sociale de la propriété privée, il faut que la destination générale des biens revienne à tous. « Le principe de subordination de la propriété privée à la destination universelle des biens et par conséquent, le droit universel à leur usage, est une règle d’or du comportement social. » (7)

Le pape conclut en présentant Jésus terrestre comme un fin observateur et un amoureux de la nature qui met en lumière que Dieu est père. Jésus ressuscité fait qu’un jour, « Dieu sera tout en tous ».(8)


(1) Gn 2, 15

(2) Laudato Si’ p. 27, item 75

(3) Laudato Si’ p. 29, item 83

(4) Laudato Si’ p. 29, item 84

(5) Laudato Si’ p. 29, item 84

(6) Laudato Si’ p. 32, item 92

(7) Laudato Si’ p. 33, item 93

(8) 1 Co 15, 28

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Cliquer ici, puis sur le lien apparaissant, pour voir ce 2e chapitre en PDF: 

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« Laudato Si » – « Loué sois-tu »

Sur la sauvegarde de la maison commune

(3e chapitre)

 

Dans ce chapitre, le pape François nous offre une explication sociologique et philosophique de la domination de la technologie sur notre époque et de ses conséquences sur le fonctionnement de la société actuelle et pour la crise écologique.

Bien qu’elle améliore la qualité de vie de l’humain la technologie donne « … à ceux qui ont la connaissance, et surtout le pouvoir économique d’en faire usage, une emprise impressionnante sur l’ensemble de l’humanité et sur le monde entier. » (1) La technologie s’est développée dans une logique de profit économique et est soutenue comme telle, par des pouvoirs politiques qui ne tiennent pas compte des conséquences négatives que cela peut avoir sur les être humains et sur l’environnement. Pensons par exemple, à l’industrie de la guerre.

L’augmentation de la puissance n’aboutit pas nécessairement à un progrès parce, parallèlement, la société n’a pas procédé à une prise de conscience des limites du pouvoir technologique. «Il […] manque […] une éthique solide, une culture et une spiritualité qui le ( l’humain) limitent réellement et le contiennent dans une abnégation lucide. » (2 )

À ces débuts, la technologie était comprise ou utilisée comme un simple instrument. Cependant, son développement actuel nous permet d’extraire tout ce qui est disponible de l’environnement. La nature est devenue notre chose, et cette façon de transiger avec elle crée une culture qui présente la croissance comme quelques chose d’illimité.

Finalement, «  … les objets produits par la technique ne sont pas neutres, parce qu’ils créent un cadre qui finit par conditionner les styles de vie, et orientent les possibilités sociales dans la ligne des intérêts de groupes de pouvoir déterminés. » (3) En somme, c’est comme si la technologie se nourrissait d’elle-même…

Deuxièmement, le pape François nous offre une analyse philosophique de la situation. Nos traditions et cultures religieuses placent l’être humain au centre de l’univers , c’est ce qu’on appelle l’anthropocentrisme. Le christianisme considère que l’être humain est le gardien de l’univers, il est l’intendant de la volonté divine et se doit de respecter les lois naturelles de Dieu, Lui qui est au centre de la réalité.

L’anthropocentrisme moderne a cependant dévié de cette définition: l’être humain est bien au centre du monde mais sa fonction est de le dominer. Dans ces conditions, « …la raison technique (devient) au-dessus de la réalité, parce que l’être humain n’a plus le sentiment ni que la nature soit une norme valable, ni qu’elle lui offre un refuge vivant. » (4)

Le pape utilise le terme de relativisme pratique pour illustrer l’attitude qui domine le style de vie dans nos sociétés modernes dans lesquelles « … tout ce qui ne sert pas aux intérêts personnels immédiats est privé d’importance. » (5) La logique du « utilise et jette » justifie l’exploitation sexuelle des enfants jusqu’au braconnage des espèces en voie de disparition.

Malgré les avancées technologiques qui tendent à réduire les postes de travail, le pape insiste sur la nécessité de préserver le travail , comme activité et comme valeur, car il est une partie importante dans la vie et la quête spirituelle de tout être humain. «  Le travail devrait être le lieu de ce développement personnel multiple […] la créativité, la projection vers l’avenir, le développement des capacités, la mise en pratique de valeurs, la communication avec les autres, une attitude d’adoration. »(6)

En terminant, il met en garde contre les interventions biologiques à partir de la recherche, dont le rythme et la progression sont beaucoup plus rapides que dans l’évolution de la nature elle-même. Une fois de plus, la technique séparée de l’éthique peut nous être très néfaste et donne pour exemple les problèmes causés par le virage aux cultures transgéniques dans certains pays en développement. (Appauvrissement et exil des petits producteurs, diminution et destruction d’écosystèmes, développement d’oligopoles et dépendance des paysans sur ceux-ci.)

(1) Laudato Si’ p.36 item 104

(2) Laudato Si’ p.37 item 105

(3) Laudato Si’ p.38 item 107

(4) Laudato Si’ p.40 item 115

(5) Laudato Si’ p.42 item 122

(6) Laudato Si’ p.44 item 127

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Cliquer ici, puis sur le lien apparaissant, pour voir ce 3e chapitre en PDF: 

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« Laudato Si » – « Loué sois-tu »

Sur la sauvegarde de la maison commune

(4e chapitre)

 

Dans ce chapitre, le pape François pose les bases de son concept d’écologie intégrale–il reprend la définition traditionnelle de l’écologie et l’applique à différents domaines de l’activité humaine.

Généralement, l’écologie est définie comme l’étude des relations entre un organisme et son environnement. Mais pour le pape François, l’analyse de la crise écologique doit s’accompagner d’un examen du contexte économique et social où elle se déroule. «Les raisons pour lesquelles un endroit est pollué exigent une analyse du fonctionnement de la société, de son économie, de son comportement, de ses manière de comprendre la réalité. Étant donné l’ampleur des changements, il n’est plus possible de trouver une réponse spécifique et indépendante à chaque partie du problème. » (1)

L’écologie économique exigerait que nous reconnaissions que nous dépendons des écosystèmes dans lesquels nous vivons. Ils sont « une réalité qui nous a été offerte au préalable, qui est antérieure à nos capacités et à notre existence » (2) et dont la protection doit être priorisée dans le processus du développement économique.

Pour sa part, l’écologie sociale se préoccupe et de l’état des institutions qui peuvent avoir des conséquences sur l’environnement, et de la qualité des groupes sociaux qui y vivent, des plus petits (famille) , aux plus gros (organisation internationale) . «Ainsi, par exemple, la consommation de narcotiques dans les sociétés opulentes provoque une demande constante ou croissante de ces produits provenant de région appauvries, où les conduites se corrompent, des vies sont détruites et où l’environnement finit par se dégrader. » (3)

Par la suite, le pape met en garde contre l’étiolement de l’écologie culturelle. La vision consumériste du monde actuel tend à affaiblir et uniformiser les cultures locales alors qu’il faudrait, au contraire, générer des solutions en partant des localités elles-mêmes afin de solidifier l’engagement de tous. Par exemple, pour les communautés aborigènes « […] la terre n’est pas […] un bien économique, mais un don de Dieu et des ancêtres qui y reposent , un espace sacré avec lequel elles ont besoin d’interagir pour soutenir leur identité et leurs valeurs.» (4) Il faut donc tenir compte de la culture des différents tenants et participants pour assurer le succès de l’implantation de nouveaux modèles économiques et écologiques.

Une vraie solution écologique doit nécessairement améliorer la qualité de vie humaine : c’est le domaine de l’écologie de la vie quotidienne. Ici, le pape discute en particulier des problèmes généralisés de logement et de transport public qui posent problème autant dans les régions urbaines que dans les régions rurales du monde.

Le principe de la recherche du bien commun est à la base du concept de l’écologie intégrale. La résolution de la crise écologique doit prendre en considération les conditions sociales (Ex: respect des droits fondamentaux, bien être social, paix sociale) et les états ont le devoir de promouvoir et de défendre cette ligne de conduite.

Enfin, il faut prendre un soin particulier à promouvoir la solidarité entre les générations actuelles et garder en tête le bien-être des générations futures. « L’environnement […] est un prêt que chaque génération reçoit et doit transmettre à la génération suivante. » (5) « Nous sommes, nous mêmes, les premiers à avoir intérêt à laisser une planète habitable à l’humanité qui nous succédera. C’est un drame pour nous-mêmes, parce que cela met en crise le sens de notre propre passage sur la terre. » (6)

(1) Laudato Si, page 48, item 139

(2) Laudato Si, page 49, item 140

(3) Laudato Si, page 50, item 142

(4) Laudato Si, page 51, item 146

(5) Laudato Si, page 55 item 159

(6) Laudato Si, page 55 item 160

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Cliquer ici, puis sur le lien apparaissant, pour voir ce 4e chapitre en PDF: 

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« Laudato Si » – « Loué sois-tu »

Sur la sauvegarde de la maison commune

(5e chapitre)

Le pape François conçoit l’humanité comme un peuple interdépendant et il désire donner des pistes de solutions pour favoriser la mise en œuvre d’un projet commun de sortie de crise. « […] Un consensus mondial devient indispensable, qui conduirait, par exemple, à programmer une agriculture durable et diversifiée, à développer des formes d’énergies renouvelables et peu polluantes, à promouvoir un meilleur rendement énergétique, une gestion plus adéquate des ressources forestières et marines , à assurer l’accès à l’eau potable pour tous. » (1)

Il présente d’abord un court historique du mouvement écologique, des organismes qui l’ont mené et des principaux accords internationaux qui ont été signés jusqu’ici. Il constate que les secteurs où l’urgence est la plus criante sont : la désertification, le changement climatique, la gestion des océans, la réduction des gaz polluants, la protection de la diversité biologique, et l’inégalité des engagements et du financement entre pays de moindres ressources et pays industrialisés.

Somme toute, le constat est plutôt négatif, surtout à cause du manque de suivi de ces accords. En général, « les négociations internationales ne peuvent pas avancer de manière significative en raison de la position des pays qui mettent leurs intérêts nationaux au-dessus du bien commun général. » (2)

Le pape préconise donc l’instauration d’une autorité politique mondiale car « […] la maturation d’institutions internationales devient indispensable,[…] avec des autorités désignées équitablement par accord entre les gouvernements nationaux et dotées de pouvoirs pour sanctionner. » (3)

Pour diminuer les causes de pollution autant que pour encourager les bonnes pratiques, le dialogue entre la politique nationale et la politique locale doit être amélioré, particulièrement au niveau des lois. Le pape François déplore la culture de l’immédiateté politique où les gouvernements sont portés à ne pas prendre « […] le risque de mécontenter la population avec des mesures qui peuvent affecter le niveau de consommation ou mettre en péril des investissements étrangers.» (4)

Il appuie les initiatives qui permettent l’autosuffisance locale en utilisant des énergies renouvelables et note au passage que de telles actions sont souvent le résultat de la pression des populations. « La société, à travers des organismes non gouvernementaux et des associations intermédiaires, doit obliger les gouvernements à développer des normes, des procédures et des contrôles plus rigoureux. » (5)

Il dresse une liste d’actions qui peuvent être réalisées au niveau local et note l’importance de continuer d’appliquer les politiques environnementales malgré les changements de gouvernements.

Le pape insiste sur la nécessité de la transparence dans les processus de décision et met en garde contre la corruption. Ainsi, les études d’impact sur l’environnement devraient être faites d’une façon indépendante, dans les règles de l’art, au début d’un projet de production ou d’une nouvelle politique. La gestion des risques que court l’environnement doit être fondée « […]sur une confrontation entre les risques et les bénéfices envisageables pour tout choix alternatif possible.» (6)

De plus, les dommages graves ou irréversibles qui menacent les écosystèmes doivent être évités, les décisions doivent être revues à mesure que la situation change et « […] dans tous les cas, il doit toujours être bien établi que la rentabilité ne peut pas être l’unique élément à prendre en compte […].» (7)

La politique ne doit pas se soumettre à l’économie et servir le principe de maximisation du gain mais bien se mettre au service de la défense de la vie humaine et de l’environnement. Ceci ne peut pas être obtenu uniquement au gré des lois du marché: il faut favoriser la production qui a un moins grand impact sur l’environnement et il faut aussi limiter les plus nocives.

Les vrais coûts économiques et sociaux doivent être calculés et respectés. Par exemple: « […] si l’exploitation d’une forêt fait augmenter la production, personne ne mesure dans ce calcul la perte qu’implique la désertification du territoire, le dommages causés à la biodiversité ou l’augmentation de la pollution. Cela veut dire que les entreprises obtiennent des profits en calculant et en payant une part infime des coûts. » (8)

L’ état doit pouvoir résister à la corruption et aller de l’avant avec de bonnes politiques publiques sinon « […] certains groupes économiques peuvent apparaître comme des bienfaiteurs et s’approprier le pouvoir réel, se sentant autorisés à ne pas respecter certaines normes, jusqu’à donner lieu à diverses formes de criminalité organisée, de traite de personnes, de narcotrafic, et de violence, très difficiles à éradiquer. » (9)

Enfin, le pape souhaite que le dialogue entre religion et science s’améliore. Il rappelle que la majorité de la population mondiale se déclare croyante et que  « les principes éthiques que la raison est capable de percevoir peuvent réapparaître toujours de manière différente et être exprimés dans des langages divers, y compris religieux. » (10)


(1) « Laudato Si », page 57, item 164

(2) « Laudato Si », page 58, item 169

(3) « Laudato Si », page 60, item 175

(4) « Laudato Si », page 61, item 178

(5) « Laudato Si », page 61, item 179

(6) « Laudato Si », page 63, item 184

(7) « Laudato Si », page 64, item 187

(8) « Laudato Si », page 67, item 195

(9) « Laudato Si », page 67, item 197

(10) « Laudato Si », page 68, item 199

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Cliquer ici, puis sur le lien apparaissant, pour voir ce 5e chapitre en PDF: 

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« Laudato Si » – « Loué sois-tu »

Sur la sauvegarde de la maison commune

(6e chapitre)

 

Dans le dernier chapitre de son encyclique, le pape François s’emploie à démontrer les conditions et la direction du changement global dans lequel l’humanité devrait s’engager. La condition fondamentale de ce changement est fondée sur « la conscience d’une origine commune , d’une appartenance mutuelle et d’un avenir partagé par tous (…)». (1) Cela nous permettrait de dépasser le paradigme techno-économique et d’amorcer un réel changement individuel de style de vie. En plus d’alléger la pression sur l’environnement, ceci pourrait également exercer « (…) une pression saine sur ceux qui détiennent le pouvoir politique, économique et social »(2).

Le pape donne pour exemple comment le boycott d’un produit par les consommateurs modifie le comportement des producteurs. Il rappelle que «acheter est non seulement un acte économique mais toujours aussi un acte moral ». (3)

Le changement global doit également comprendre un volet éducation, particulièrement dans les pays où l’on vit dans « (…) un contexte de très grande consommation et de bien-être qui rend difficile le développement d’autres habitudes. »(4) L’éducation environnementale a pour but l’apprentissage d’une « citoyenneté écologique» qui, en plus de présenter de l’information scientifique et de faire la critique des mythes de la modernité, doit aussi toucher aux niveaux des équilibres écologiques (interne, externe, avec la nature, et spirituel) de sorte que les nouvelles normes puissent être intégrées et que les lois et règlements qui protègent l’environnement soient respectés grâce aux motivations personnelles des individus.

Le pape invite les chrétiens à une conversion écologique, au développement d’une spiritualité davantage connectée au corps, à la nature et aux réalités de ce monde : il offre comme modèle la vie et l’œuvre de Saint-François d’Assise. « (…) nous devons examiner nos vies et reconnaître de quelle façon nous offensons la création de Dieu par nos actions et notre incapacité d’agir ».(5)

Il nous encourage à reconnaître que «moins est plus» et réaffirme l’importance des vertus de la sobriété et de l’humilité. «Un retour à la simplicité (…) nous permet de nous arrêter pour apprécier ce qui est petit, pour remercier des possibilités que la vie offre, sans nous attacher à ce que nous avons ni nous attrister de ce que nous ne possédons pas. Cela suppose d’éviter la dynamique de la domination et de la simple accumulation de plaisir». (6) Il nous encourage à prendre du temps loin du bruit et du culte des apparences pour cultiver la paix intérieure.

Pour faire émerger une « culture de protection de l’environnement », il faut promouvoir l’amour de la société et l’engagement pour le bien commun, non seulement dans les sphères politiques mais aussi dans « (…) une variété innombrable d’associations qui interviennent (…) en préservant l’environnement naturel et urbain. »(7)

Finalement, le pape François nous encourage à continuer à assister aux sacrements et au jour du repos pour faire « (…) l’expérience de la connexion intime qui existe entre Dieu et tous les êtres, (…) ».(8) Il met en garde contre la tendance dans le monde à « (…) réduire le repos contemplatif au domaine de l’improductif ou de l’inutile, en oubliant qu’ainsi, il retire à l’œuvre qu’il ( le monde) réalise le plus important : son sens. ».(9) Il indique comment les dogmes de la Trinité et de Marie, Mère et Reine de toute la création peuvent offrir des clés de compréhension dans notre quête et il nous exhorte à nous engager généreusement pour la protection de notre maison commune. Il termine son ouvrage avec deux prières de circonstances.

 

(1) Laudato Si’ p.69, item 202

(2) Laudato Si’ p.70, item 206

(3) Laudato Si’ p.70, item 206

(4) Laudato Si’ p.71, item 209

(5) Laudato Si’ p.74, item 218

(6) Laudato Si’ p.75, item 222

(7) Laudato Si’ p.78, item 232

(8) Laudato Si’ p.79, item 234

(9) Laudato Si’ p.80 item 237

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Cliquer ici, puis sur le lien apparaissant, pour voir ce 6e chapitre en PDF: 

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(*) Lettre encyclique « Laudato Si » du saint-père François sur la sauvegarde de la maison  commune  www.Vatican.va

Pour voir le texte de l’encyclique « Laudato Si » :

(https://www.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html)

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