Méditation chrétienne du Québec et
des régions francophones du Canada (MCQRFC)

Carême 2024 – Mercredi de la cinquième semaine de Carême – 20 mars 2024

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Réflexions quotidiennes du Carême 2024 :

Mercredi de la cinquième semaine de Carême (20 mars 2024)

 

La Passion du Christ, comme la souffrance innocente partout dans le monde, suggère à quel point nous sommes merveilleusement et tragiquement liés. Dire que les mauvaises choses qui surviennent sont le résultat de nos actions est une compréhension très grossière et souvent cruelle du karma. Le hasard existe, et même si tout, sauf l'Être lui-même, a une cause, les causes peuvent être aléatoires. Il ne s’agit pas uniquement de malchance, mais il existe également le pouvoir des ténèbres qui naît de l’action d’un individu trompé, tel qu’un tyran mondial, qui affecte le monde et dont les effets durent des générations.

Par ténèbres, je pense à l’ignorance, à la conscience non éclairée et à l’incapacité de ressentir les sentiments des autres. Pensez à l’effet d’entraînement de l’Holocauste ou à la douleur et au ressentiment des enfants palestiniens à Gaza aujourd’hui, ou encore à la maltraitance d’un enfant dans une famille ordinaire, qui met des décennies à être révélée. L'interdépendance des êtres humains est si étonnamment infinie que rien, sauf le principe d'unité, ne peut l'expliquer ou nous guérir lorsque nous avons été blessés par le hasard ou par des ténèbres.

Hier, j'ai posé des questions sur le sens de l'idée selon laquelle le monde est illusoire. Il serait insultant de considérer la souffrance d'un enfant ou d'une victime de la torture comme illusoire et de dire simplement « méditez pour vous frayer un chemin vers l'unité et tout ira bien. » Lorsqu’on ressent de la douleur, elle est très réelle et la justice exige une réponse compatissante immédiate de toute personne, étrangère ou amie, qui peut l'offrir. La victime – il n’est pas humiliant d’être qualifié de « victime » d’un tremblement de terre ou d’une guerre – a été blessée sans que ce soit de sa faute ; elle est innocente.

L'innocence est la véritable essence de la nature humaine et même de la création. Il en est ainsi. En voyant une douleur infligée par la cruauté d’une personne qui ne pouvait pas comprendre ce qu’elle faisait parce qu’elle en était elle-même incapable par ignorance, nous rencontrons le pouvoir cosmique de l’innocence, la bonté de la création. Même l’ignorance est un malheur, avec ses propres causes cachées. Jésus sur la Croix demande au Père de pardonner à ses meurtriers car « ils ne savent pas ce qu’ils font ». Il invoque le pouvoir de la vérité pour dissiper la nature illusoire de l’ignorance. L’Évangile tout entier est présent dans ce dernier acte sur terre.

La nature irréelle du monde que nous constituons à cause de l’ignorance, de la douleur et de la peur est dure, mesquine et tenace. L’argument rationnel l’ébranle rarement. Tout ce que l’on peut faire, c'est abattre les drones envoyés pour attaquer des innocents, avant qu'ils ne fassent du mal. Nous sommes pris entre deux feux : la violence est le produit de l’ignorance et l’histoire en est une vidéo en boucle.

Rappelez-vous une époque où vous avez été pris dans un conflit où il ne semblait pas y avoir d’échappatoire. Y a-t-il eu un moment où, vous ou un autre, vous vous êtes adouci et avez dit : je suis désolé, ou parlons, ou bien recommençons ? Un mot ou un regard suffit car l'amour est la seule réalité. La compassion, l'humour ou le pardon libèrent de la prison de la peur qui est le terreau du virus de l'illusion. L'ignorance se dissipe comme la brume. Toutes ses constructions complexes s’évaporent. Un monde nouveau est né. À la fin de sa dernière pièce, Shakespeare, qui pratiquait l'illusion pour révéler la vérité, avait compris que voir la nature illusoire des choses est une raison de se réjouir :

Soyez joyeux, monsieur. / Nos réjouissances sont maintenant terminées. Ces acteurs,/ Comme je vous l'avais prédit, étaient tous des esprits, et/S’évaporent dans l'air, dans l'air./ Et, comme le tissu sans fondement de cette vision,/ Les tours coiffées de nuages, les palais magnifiques,/ Les temples solennels, le grand globe lui-même, /Oui, tout ce qui restera, disparaitra.

Laurence Freeman, o.s.b.

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