(Photo Laurence Freeman, Espagne)

Je parlais de l'ego comme d'un mur qui se construit au fil du temps et se maintient par peur, suspicion, hostilité ou préjugés. Il peut aussi se développer sainement comme un moyen pour communiquer, rendre service, trouver la distance optimale entre nous et les autres. L'ego a donc un rôle positif à jouer. Il devient égoïste ou égocentrique lorsqu'il s'effondre sous le poids de sa propre négativité, ou lorsqu'il prend de façon trop compulsive l'idée ou le besoin d'être séparé, qu'il devient très auto protecteur et s’affirme hors de propos. Dans tous les cas, l'ego a un but. Il n'est pas une fin en soi mais un moyen. Le mot sanskrit ahamkara, souvent traduit par "ego", signifie aham ("je suis") et kara (racine sanskrite qui signifie "chariot, moyen de transport"). On peut donc considérer l'ego comme le moyen de porter le moi, de le communiquer et l’exprimer. L’erreur est de devenir trop obsédé par le véhicule et d’en oublier le passager.

 Laurence Freeman OSB, Breakthrough