(Photo Laurence Freeman, Irlande)

Comment nous aimons-nous ? Je pense qu'en réaction à cette longue histoire de moralité négative et de spiritualité du rejet de soi, nous sommes passés aujourd'hui, parfois de manière conflictuelle et contradictoire, à un autre extrême où l'on nous dit que nous devons être bons avec nous-même : prends soin de toi, sois gentil avec toi, accorde-toi des vacances, si tu veux faire quelque chose, fais-le. C'est là que l'amour de soi devient souvent un peu plus que de l'auto-complaisance, où s'aimer soi-même consiste simplement à s'accorder une série de constants petits plaisirs. Il peut nous être nécessaire et bon d'aller un peu à l'autre extrême. Il est clair qu'il y a une sagesse dans cette psychologie moderne et populaire qui consiste à se faire du bien. Mais je crois que la tradition spirituelle et l'enseignement de la méditation nous rappellent que s'aimer soi-même, c'est trouver une voie médiane entre, d'une part l'abnégation et le rejet de soi, et d'autre part le nombrilisme et le narcissisme. Quelque part entre le rejet de soi et l'auto-complaisance, nous trouvons notre véritable capacité à nous aimer.

Laurence Freeman OSB, Aspects of Love 2

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