(Photo Laurence Freeman, Turquie)

Apprendre à pardonner implique ce processus complexe et assez douloureux d’abandon de nos projections sur les autres. Rien n'est plus facile que de pouvoir reprocher aux autres ce qui ne va pas dans notre propre vie, et cela peut nous apporter une sorte de satisfaction immédiate. C'est ainsi que débutent les persécutions et les holocaustes, les chasses aux sorcières et toutes sortes d'inhumanités personnelles ou collectives. C'est un plaisir et c’est ce qu'il y a de terrible dans la nature humaine : nous pouvons prendre plaisir à reprocher aux autres nos fautes, à projeter nos propres problèmes sur eux, à en faire des boucs émissaires. C’est là un plaisir pervers. Cela s'est produit à maintes reprises au cours de l'histoire et se produit encore et encore dans nos vies personnelles. C'est le côté le plus sombre de la nature humaine. Là encore, c'est le travail de la prière profonde qui nous permet de pardonner. La seule voie est celle du pardon et c'est pourquoi Jésus en fait l'axe de son enseignement moral (c'est tout ce qu'il nous dit de faire : nous aimer les uns les autres, y compris et en particulier aimer nos ennemis). Si nous pouvons apprendre à le faire, nous apprenons à dépasser l'ego, notre peur, notre haine de soi et notre culpabilité, en cessant de les projeter sur les autres.

Laurence Freeman OSB, Aspects of Love 2

https://wccm.us4.list-manage.com/track/click?u=c3f683a744ee71a2a6032f4bc&id=33cb87a8cd&e=7d8aeb5347