Il nous est difficile de méditer parce que nous sommes excessivement conscients de nous-mêmes. Nous ne pouvons pas nous empêcher de regarder, si l’on peut dire, le petit écran de télévision fourni par l’ego et de nous regarder, de penser à nous, de nous analyser. Mais la méditation a pour but d’éteindre définitivement cet écran. La méditation est un temps de pauvreté, de silence, d’oubli de soi. Ce n’est pas un temps pour s’analyser, réfléchir à ses motivations ou se croire spirituel ou pécheur, mais un temps pour être absolument immobile de corps et de mental.
La voie qui y mène est très simple, c’est celle du silence, de la fidélité, de la pauvreté en esprit. Une pauvreté généreuse est une pauvreté joyeuse dans laquelle nous abandonnons pensée, imagination et mots pour rester avec le seul mot de prière. Au début, il faut le croire sur parole, dire son mot au-delà de toute raison. Et il faut revenir à sa méditation matin et soir. Il faut abandonner les catégories que nous sommes conditionnés à utiliser, celles du succès ou de l’échec (est-ce que ça marche ou pas ?) et continuer simplement, avec la foi d’un enfant, à dire son mot de prière. Dites votre mot. Sa puissance est merveilleuse, car le simple exercice de cette foi enfantine nous restitue notre innocence et la liberté de l’innocence. Nous apprenons à être dans la présence de l’Être. Simples, silencieux, aimants et parfaitement libres, dans la méditation comme dans la vie quotidienne, de corps et de mental.
Le Chant du silence