Nous devons prendre conscience que lorsque nous parlons de « notre prière », il est question, en fait, de nous disposer à la pleine libération de la vie de l’Esprit en nous, qui est la prière de Jésus et Son lien vital avec le Père. C’est pourquoi nous ne prions que dans la mesure où nous nous détournons de nous-mêmes, de la conscience de soi possessive et de l’état de distraction maladif de ce composé que nous appelons l’ego. Cela signifie bien, en réalité, que ce qui est exigé, c’est tout. C’est ce que résume un vieil adage monastique : « Le moine ne prie vraiment que lorsqu’il ne sait pas qu’il prie. » Si cela ressemble à de l’anéantissement, c’est uniquement parce que c’est une description de la conscience unifiée de la transcendance, un état de totale simplicité qui exige rien de moins que tout.
La difficulté essentielle consiste à faire la différence entre l’esprit d’enfance et la puérilité. Nous devons aussi prendre conscience que le Royaume réservé à ceux qui ont un cœur d’enfant est un royaume qui exige l’ascèse d’une croissance en simplicité au plus profond de notre être, là où, loin d’être anéantis, nous sommes pleinement, merveilleusement rendus à nous-mêmes. Pour la première fois de notre vie, nous connaissons la merveille de notre être, la beauté de la vie, la centralité de l’Amour.
Letters from the Heart