Le conseil que je vous donnerais est d’essayer, autant que faire se peut, de dire le mot de prière sans interruption. Cela semble beaucoup plus difficile que ce n’est en réalité. C’est comme nager ou faire de la bicyclette. Lorsque, enfant, vous voyez une bicyclette pour la première fois, vous la regardez avec effroi en pensant qu’il est impossible de rester assis sur ces deux roues et d’avancer. Je vais forcément tomber ! Et vous montez sur l’engin, vous bandez tous vos muscles et… vous tombez. Alors vous dites : Vous voyez ! Qu’est-ce que je vous disais, c’est impossible. Il en va de même avec la méditation. On a tendance à l’aborder de manière très tendue, mais pour peu que vous restiez en place, vous serez submergés par la douceur, la compassion, la paix et l’amour de Dieu.
Vous n’avez aucunement besoin de vous préoccuper de vos distractions ; elles ne doivent avoir qu’un effet, celui de vous rendre humbles. C’est extraordinaire, nous vivons dans la civilisation la plus sophistiquée et la plus complexe qu’on ait connue sur terre, avec tous les avantages que procure l’éducation, toutes sortes d’ouvrages à portée de main, et nous ne pouvons pas rester assis dix secondes immobiles et silencieux ! Cela devrait donc nous rendre humbles.
Persévérez simplement dans cette rencontre avec l’humilité et dites votre mot de prière. Soyez doux quand vous commencez. Mais ce que je vous suggérerais, si vous pensez devoir abandonner, disons la première semaine de méditation, eh bien, peut-être vaudrait-il mieux que vous abandonniez ! Mais la deuxième semaine, sur les sept jours, n’abandonnez que six jours, pas sept ; et essayez progressivement d’augmenter. N’abandonnez pas parce que vous n’atteignez pas la perfection. La perfection est relative. Vous êtes parfait si vous allez au bout de vos possibilités du moment. Être parfait signifie atteindre ses limites et les repousser peu à peu.
Le Chant du silence