En entrant dans notre silence intérieur, nous risquons tout, car nous risquons notre être même : « Alors j’ai dit à mon âme : “tiens-toi tranquille”. » L’immobilité d’âme et de corps à laquelle le mot de prière nous conduit est une préparation au silence ; elle nous prépare à notre progression dans des sphères de silence afin de voir avec émerveillement la lumière de notre propre esprit, et de savoir que cette lumière dépasse notre esprit, tout en en étant pourtant la source. C’est un pèlerinage à travers nos sphères de silence, que nous entreprenons avec foi, mettant toute notre confiance en ce qui n’est qu’une pâle appréhension de l’authentique, du réel ; et pourtant nous sommes confiants parce que c’est authentique.
En récitant le mot de prière, nous abandonnons notre vie pour Celui que nous n’avons pas encore vu (1 P 1, 8). Heureux ceux qui croient et agissent selon leur foi bien qu’ils n’aient pas encore vu. En disant le mot de prière, nous sommes plongés dans un silence qui explore notre infinie pauvreté d’âme et d’esprit, révélant notre dépendance absolue d’un autre. Nous sommes conduits de profondeur en profondeur d’une simplification purificatrice jusqu’à ce que, ayant touché le fond même de notre être, nous trouvions la vie que nous avions abandonnée et le moi que nous avions laissé dans l’Autre.
Un mot dans le silence, un mot pour méditer