Le chemin que nous enseigne notre tradition pour nous approcher de cette autorévélation de Dieu n’est pas celui qui consiste à penser, analyser ou raisonner, mais à apprendre à redevenir comme un petit enfant, à apprendre l’humilité. Cela, nous le faisons par la simple et constante répétition de notre mot de prière. Aussi, pour méditer nous devons être assis immobiles, le dos droit. Au début, vous aurez envie de vous gratter le nez ou l’oreille ; surmontez cette envie. Restez immobiles. Ensuite, vous devez apprendre à dire votre mot.
En avançant, vous constaterez que vous pouvez réciter votre mot de prière à un certain niveau, tandis qu’à un autre niveau, des pensées s’agitent en-dessous, au-dessus, d’un côté et de l’autre. Ignorez-les toutes. Dites votre mot. Tel est l’art de méditer : dire son mot dans l’œil silencieux du cyclone.
Le mystère de la méditation est que le mot de prière, qui est comme la résonance harmonique de Dieu dans notre cœur, nous conduit à faire l’expérience de l’immobilité de l’unité. Il nous amène à une expérience d’unité – unité en soi-même, corps et esprit, unité avec toute la création. Assis en méditation, vous êtes à votre place dans l’univers et la méditation vous amène à faire l’expérience personnelle que Dieu est le centre de l’univers. Voilà ce à quoi la pratique quotidienne – elle est essentielle – vous conduira, en douceur.
On ne peut apprendre à méditer en lisant des livres ou en assistant à des conférences ; on apprend à méditer en méditant, tous les jours, tous les matins et tous les soirs. Ne vous laissez pas décourager ! Au début, vous pourrez manquer un matin ou un soir (ou un jour, ou une semaine, ou un mois). Mais si vous avez compris, même vaguement, ce qui est en jeu dans la pratique de la méditation, vous y reviendrez pour apprendre combien il est essentiel d’entrer dans la profondeur de votre esprit chaque jour de votre vie. L’enjeu de la méditation est la liberté, la liberté de l’esprit, la dilatation de l’esprit. Mais le chemin, pour nous, hommes et femmes modernes, est surprenant, car c’est un chemin de discipline.
Le Chant du silence