Dans la méditation, il s’agit non pas tant de penser que d’être. Et dans la prière contemplative, nous cherchons à devenir la personne que nous sommes appelés à être, non en pensant à Dieu mais en étant avec Lui. Être simplement en Sa présence suffit. En étant simplement avec Lui, on est poussé à être la personne qu’Il nous appelle à être. Tel est le message de Jésus contenu dans son précepte de chercher d’abord le Royaume, et tout le reste nous sera donné par surcroît. Mais la tâche n’est pas aisée pour ceux d’entre nous qui ont été élevés dans la culture occidentale contemporaine. Nous avons été conditionnés par la considération excessive qu’elle accorde à l’activité cérébrale. Nous nous sommes définis de façon beaucoup trop étroite comme des « créatures rationnelles ». Il me semble que c’est là l’une des causes principales de l’appauvrissement de notre vie de prière. La réponse de la personne tout entière à Dieu s’est brisée et seuls les éclats verbaux, cérébraux, sont actifs dans notre compréhension très appauvrie de la prière.
Notre but dans la prière chrétienne est de permettre à la mystérieuse et silencieuse présence de Dieu en nous de devenir de plus en plus non seulement une réalité, parmi toutes celles auxquelles nous donnons ce que le cardinal Newman appelait un « assentiment notionnel », mais la réalité qui donne sens, forme et but à tout ce que nous faisons, à tout ce que nous sommes. Ainsi, la prière n’est pas un temps pour les paroles, aussi belles et sincères soient-elles. Tous nos mots sont totalement inefficaces lorsque nous entrons dans la mystérieuse communion avec Dieu, dont la Parole est avant et après toutes les autres paroles.
La Méditation chrétienne, conférences de Gethsémani