Réflexions quotidiennes du Carême 2023 :

Mardi de la 2^e semaine de Carême (7 mars 2023)

La semaine dernière, Diane Tolomeo, méditante de l'ouest du Canada et membre de l'Académie de la WCCM, a donné la deuxième des conférences de cette année sur notre thème "La métanoïa : Laissez-vous transformer". Comme professeur de littérature anglaise, elle a parlé de façon brillante et divertissante de "L'Éducation : enseigne-moi ce que je ne vois pas."

Cette semaine, nos réflexions jouent avec le symbole de la lumière. Apprendre, c'est être éclairé. Nous ne devrions jamais penser que nous avons assez appris. Enterrer nos dons revient à étouffer la lumière divine en nous. "Personne, après avoir allumé une lampe, ne la met sous le boisseau, mais sur le chandelier, et elle donne de la lumière à tous dans la maison. De même, que votre lumière brille devant les autres, afin qu'ils voient vos bonnes œuvres et qu'ils rendent gloire à votre Père qui est dans les cieux" (Mt 5, 15-16). Sur la montagne sainte, Jésus a permis que sa lumière intérieure brille de manière visible, même si ses disciples ne pouvaient pas encore comprendre cette expérience. Apprendre continuellement ce que nous ne pouvons pas comprendre, c'est l'essence du disciple et la dynamique de la métanoïa. Le but d'apprendre et de faire briller sa lumière est d'apporter un bénéfice aux autres et non à soi-même.

Diane a mentionné le poème de George Herbert "The Elixir". Elle a attiré notre attention sur les lignes où il parle de la façon dont nous pouvons utiliser un miroir. Nous pouvons regarder le verre et voir notre propre reflet ou nous pouvons regarder à travers et "voir le ciel". Nous sommes souverainement libres de choisir où placer notre attention.

L'apprentissage contemplatif est l'objectif de notre nouvelle Académie de la WCCM. Cette communauté d'enseignement et d'apprentissage, sur un cycle de deux ans, aidera les élèves à approfondir la "vie contemplative", quel que soit leur âge, leur travail ou leur mode de vie. Simone Weil disait dans un essai, que nous utiliserons avec nos élèves à partir du mois prochain, que le but profond de l'étude n'est pas de passer des examens ou d'acquérir des qualifications mais de développer le pouvoir de l'attention. Par la suite, l’attention devient prière pure et compassion envers les autres.

En s'inspirant de la sagesse contemplative de deux courants de la tradition chrétienne et d'autres traditions, dans de nombreux domaines de la connaissance, le programme créera une communauté d'apprentissage entre élèves, professeurs et accompagnateurs individuels. Un troisième courant explorera la manière dont cette sagesse peut s’appliquer aux défis auxquels l'humanité entière est actuellement confrontée.

Nous apprenons mieux lorsque nous trouvons du plaisir à apprendre. Cela reflète le caractère illimité de la connaissance et toute étude devrait conduire, non pas à une surspécialisation étroite, mais à la transcendance. Diane a parlé de l'éducation comme d'un équilibre entre exploration et concentration, spontanéité et discipline. La méditation est un apprentissage continu. L'un de ses fruits est de voir comment la discipline entraîne une vie de liberté. Comme pour tout ce qui devient une partie intégrante de la vie, il y a des moments où nous sommes tentés de rejeter la discipline pour la nouveauté.

Herbert comprend cela avec une brièveté magistrale dans son poème. Il fait référence à l'auto-transcendance du processus : j’apprends et je change non pas pour moi, mais, citant l'enseignement de Jésus, "pour ton salut". Il parle ensuite d’agitation possible et d’ennui - lorsque l'apprentissage semble être une "corvée". Mais, dit-il, "un serviteur, avec cette parole de Jésus, rend la corvée divine". La métanoïa fait naître l'esprit contemplatif et voit comment les choses les plus ordinaires, accomplies avec une attention centrée sur l'autre, deviennent "divines".

Laurence Freeman OSB