Méditation chrétienne du Québec et
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Carême 2023 – Lundi de la 4e semaine de Carême – 20 mars 2023

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Réflexions quotidiennes du Carême 2023 :

Lundi de la 4e semaine de Carême (20 mars 2023)

Nous n'apprécions vraiment une chose que lorsque nous l'avons perdue. C'est souvent vrai, mais pas nécessairement. Si nous vivons consciemment et protégeons l'espace intérieur pour que la joie jaillisse de sa source cachée, nous apprécierons pleinement les bonnes choses de la vie et lorsque nous les perdrons, nous serons capables de les laisser partir. Et d’attendre.

Mais que se passe-t-il si nous découvrons quelque chose de merveilleux pour la première fois ? Comme un aveugle qui voit soudain le monde (Jésus rend la vue à au moins huit personnes, plus que toute autre maladie). Je ne me souviens pas où j'ai vu l’étalage coloré de fruits montré hier, mais chaque fois que je vois dans un marché des fruits et des légumes flamboyants et resplendissants comme ceux-ci, je me réjouis. Ce sont des choses si humbles et si glorieuses. Quel que soit le reste de votre vie, les couleurs, les formes séduisantes, les textures sensuelles et la promesse de douceur de ces fruits de la terre réclament un indéniable moment de célébration. Il est difficile de ne pas les toucher et les presser, de ne pas jongler avec eux ou, bien sûr, de ne pas les manger. Imaginez que vous voyez cette éruption de couleurs avec ses quarante nuances d'orange pour la première fois après une vie de grisaille.

Il n'y a pas de langage pour décrire la couleur de manière adéquate, car la couleur est son propre langage, tout comme l'est l'expérience de la contemplation qui, à sa manière, est aussi une vision énergisante et agréable de la beauté. Saint Thomas d'Aquin disait que la contemplation est la simple jouissance de la vérité. Pourquoi alors, les religions ont-elles si souvent des problèmes avec la contemplation ? Pourquoi les pharisiens étaient-ils si jaloux et contrariés par le fait que Jésus rende la vue aux aveugles ? Dans de nombreuses cultures religieuses au cours de l'histoire, et notamment dans la culture chrétienne, les autorités religieuses se sont senties menacées, furieuses ou violemment répressives à l'égard des manifestations de contemplation. Des branches de l'islam ont persécuté les soufis. Saint Jean de la Croix a passé neuf mois emprisonné par ses frères dans une minuscule cellule avec une seule petite fenêtre en haut du mur, la "nuit noire" de son âme, devenue l'une des grandes œuvres du mysticisme chrétien.

Je crois que certains de nos maîtres spirituels récents et contemporains auraient subi un sort similaire si leurs critiques les plus extrêmes avaient pu faire ce qu'ils voulaient. Pourquoi ? Sans aucun doute, la politique, le pouvoir et la jalousie sont en partie des réponses. Plus essentiellement, c'est l'incompréhension de la contemplation elle-même qui est en cause. Disons que la théologie est l'aspect mental de la religion. La liturgie est son aspect physique et émotionnel. La contemplation est son essence spirituelle : lorsque Jésus parle de la prière, il enseigne la contemplation, et non la théologie ou les formes extérieures. Les institutions religieuses peuvent contrôler l'orthodoxie théologique et imposer la correction liturgique, mais la contemplation échappe au contrôle humain. Elle est au-delà du mental et du corps car elle les réunit.

La religion aime remplacer la contemplation par la prière mentale. Cela a détourné et embrouillé le langage que nous utilisons. La "méditation", qui est le moyen de recevoir le don de la contemplation, est devenue synonyme de pensée, de réflexion discursive, ce qui est une belle forme de prière, mais pas pour la "chambre intérieure" du cœur. Même le mot "contemplation" a subi le même destin et une répression brutale, justifiée par l'ignorance et la peur suscitées par la pauvreté radicale de la mise à l'écart de la pensée - ou silence intérieur, comme on l'appelle.

Pourquoi est-ce important ? Le problème est que la religion, sans une compréhension et un respect appropriés de la contemplation, devient un éléphant dangereux et dévoyé sur la scène humaine.

Laurence Freeman, o.s.b.

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