Méditation chrétienne du Québec et
des régions francophones du Canada (MCQRFC)

Carême 2022 – Mardi de la semaine sainte – 12 avril 2022

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Réflexions quotidiennes du Carême 2022:

Mardi de la semaine sainte (2022-04-12)

Cette semaine vous semble-t-elle déjà sainte ? Sinon, pourquoi ?

Notre traversée de ces jours devrait d'abord consister à accepter la pleine responsabilité de notre existence personnelle. Ensuite, nous devons relever le défi troublant de notre désir irrépressible et irréalisable d'absolu. De là, nous parvenons à comprendre combien notre passage dans le temps est intimement lié à celui de Jésus.

Dès que nous nous demandons qui nous sommes, nous voyons que nous nous écoulons dans le temps. Nous nous sentons mortels. La mort est essentielle à la compréhension de notre humanité. "Gardez toujours la mort devant les yeux", dit saint Benoît. Les bouddhistes appellent cela maranasati. Très vite (si nous ne nous éloignons pas du chemin que nous avons commencé), nous pensons à la mémoire. Depuis combien de temps notre mémoire se développe-t-elle ? Comme elle peut être imprécise ! Comme nous oublions facilement ou nous nous souvenons mal ! Pour saint Augustin, on ne peut pas vraiment dire que nous avons une mémoire mais plutôt que notre mémoire est ce que nous sommes.

Il devient alors vite évident que se connaître objectivement est aussi irréaliste que de connaître Dieu en tant qu’objet. Dieu est présent partout, mais toujours inconnaissable. Ainsi sommes-nous, à une plus petite échelle. Mais nous sommes poussés à chercher Dieu pour nous connaître.

Qu'apprenons-nous alors sur nous-mêmes ? Que notre vie n'a pas de sens comme nous le voudrions ou le prétendons. Que nous sommes incomplets, imparfaits, inachevés. Et le plus douloureux, c'est que ce que nous voulons ne nous satisfait jamais et pourtant nous ne pouvons pas cesser de vouloir. Nous désirons Dieu, mais il dépasse toujours ce que nous voulons. Toute expérience de Dieu dépasse notre capacité de description, même si nous continuons à penser que c'est de désir qu'il s'agit.

Dieu est infiniment désirable, et non un fantasme humain de plénitude. En tant qu'objet de notre imagination, nous avons toujours l'impression que Dieu est absent. Pourtant, cette absence est une sorte de présence inébranlable. C’est très perturbant et la Semaine sainte devrait nous perturber profondément.

Chercher Dieu signifie subir une transformation du désir qui est en soi une perte et une mort. Dans ce processus, ce que nous pensons vouloir s'arrête toujours à de l’imaginaire. Accepter que nous sommes mortels, limités dans la connaissance de nous-mêmes et toujours incomplets, c'est l'humilité.

Nous ne tombons pas amoureux de Dieu. C'est une absurdité romantique. Nous tombons amoureux.

L'humilité est l'étape humaine de cette transformation vers l'amour que nous ressentons lorsque nous accordons notre attention distraite à l'attention infinie qui rayonne toujours sur nous.

À Gethsémani, après avoir prié intensément, Jésus renonça à son désir fondamentalement humain de vivre :

Allant un peu plus loin, il tomba face contre terre en priant, et il disait : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux. » (Mt 26, 39).

Laurence Freeman OSB

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