Carême 2022 – Dimanche de la 5e semaine de Carême – 3 avril 2022

Réflexions quotidiennes du Carême 2022:
Cinquième dimanche de Carême (2022-04-03)
Les nouvelles quotidiennes en provenance d'Ukraine durant ce Carême ont montré le rôle des "renseignements" militaires et diplomatiques sur le déroulement de la guerre. Il consiste à savoir ce que chaque partie ne veut pas que l'autre sache. Il s'agit également d'interpréter les renseignements à son propre avantage (en espérant que ce sont de "bons renseignements"). Ceci décrit une situation qui trahit les profondeurs de la bêtise humaine : illusion, orgueil démesuré et force brutalement cruelle.
Avec de nombreuses questions telles que le Covid, la crise environnementale et la situation difficile de la démocratie, le conflit en Ukraine nous enseigne par la tragédie - comme c’est le cas de Pâques. La leçon à tirer est que l'humanité doit maintenant évoluer en conscience, bien au-delà de ce qu'elle pense être "intelligent" et bien au-delà de sa fierté technologique. Notre façon de penser et d'utiliser nos outils dépend de notre niveau de conscience. Le Carême nous donne une nouvelle perspective sur les informations quotidiennes des confins de l'Europe qui touchent le cœur des hommes partout dans le monde, ainsi que sur ces questions mondiales.
Normalement, nous nous concentrons sur les connaissances scientifiques, rationnelles, mesurables et (supposées) prouvables. Notre obsession pour les "produits finis" et les "résultats" montre à quel point cette approche peut être étroite et myope. Elle nous aveugle par une peur du mystère, de l'incertitude et de l'intuition, que nous considérons comme des formes d'ignorance plutôt que les sources de sagesse qu'elles sont en réalité. Nous croyons que nous pouvons tout mesurer à l'aide d'outils cognitifs : tout mesurer, tout prévoir, tout systématiser, jusqu'à ce que l'esprit et la joie de vivre soient engloutis. Nous finissons par ressembler à des victimes vidées par un vampire.
Mais il existe trois autres sources de connaissance qui coulent directement de la source de la conscience et qui attendent notre redécouverte. La foi est une connaissance relationnelle générée par la confiance mutuelle et la loyauté envers un bien commun. L'espérance est la connaissance implicite que même nos échecs et nos pertes dans la vie font partie d'un modèle qui conduit à l'épanouissement de l'humanité. L'amour est la connaissance suprême de l'union qui déborde les limites de la conscience humaine et étend nos horizons par la pure lumière de l'intelligence spirituelle.
Lorsque ces trois modes de connaissance s’allument ensemble, ils nous sortent de l'orbite de la stupidité et de l'égocentrisme. Nous reconnaissons alors ce que nous voyons, tout comme les disciples du Christ ressuscité l'ont fait en chaque personne et dans chaque situation.
L'humanité lutte pour s'élever à cette conscience supérieure avant que nous ne fassions un mal fatal à nous-mêmes, à nos descendants et à notre planète. Il est de la responsabilité collective de toutes les traditions de sagesse de faire progresser cette évolution. Il n'en est pas moins de notre responsabilité personnelle, à chacun de nous, de faire le travail intérieur nécessaire et de déposer dans un fonds commun les petits progrès que peut faire chacun de nous.
Laurence Freeman OSB